/Sobre o luxo, à Marie France

Por indicação de Gilles Lipovetsky, Jorge Forbes é convidado a falar sobre o luxo para a revista Marie France de fevereiro. Baseada em uma pesquisa extensa e inteligente sobre o tema, a entrevistadora Anne Deguy propõe as questões:

Paris, dezembro de 2003.

Le Luxe est-il quelque chose d’utile, de vitale, ou de futile ?

Luxe et culpabilité allait ensemble jusqu’à il y a 10 ans, aujourd’hui cela semble dépassé (alors que nous vivons dans des situations sociales et économiques délicates). Comment en sommes-nous arrivés là ?

Pourquoi le luxe fait-il rêver ? Pourquoi aussi est-il parfois totalement rejeté ?
Cette question est d’autant plus intéressante qu’il y a 50 ans avoir une salle de bains c’était du luxe alors qu’aujourd’hui c’est dans l’ordre des choses. Par ailleurs, un grand nombre de femmes que j’ai interrogées m’ont avoué que avoir du temps c’était du luxe (je pense que c’est de leur part un peu cliché de dire ça). Peu d’entre elles m’ont tout de suite parlé d’une marque ou d’un objet.

Il y a des femmes qui sont “accro” aux marques de luxe. Comment cela se fait-il ?

Le luxe est-il plus féminin que masculin ?

Y-a-t-il différents niveaux de luxe ?

En France par exemple se promener avec un sac Vuitton, des lunettes Gucci et des chaussures Dior, c’est devenu du vulgaire alors que dans d’autres pays c’est le summum du luxe. Exemple encore plus amusant : installer un bidet dans une salle de bains aux Etats-Unis c’est du luxe, en France cela ne se fait que dans quelques hôtels minablesŠŠŠ Certainement au Brésil, le luxe n’est pas le même qu’en FranceŠ
Le luxe n’est donc pas une langue universelle ?

Il y a souvent une notion de plaisir dans le luxe : plaisir d’aller choisir son objet, de se le faire emballer, parfois il faut le commander et de devoir attendre des mois avant de se le procurer (un sac Hermès demande des mois avant de l’avoir), plaisir de le découvrir dans sa boîte et son papier de soieŠ Un peu comme l’amour, l’objet de luxe se fait désirer. Du reste dans un grand nombre de boutiques j’ai vu des femmes se blottir dans les bras de leurs hommes (voire s’embrasser) en attendant leur “produit”. Idem pour le déballage d’un produit de luxe : il y a un rituel du défeuillage (l’emballage dans une boîte et papier de soie est désormais repris chez des marques bas de gamme). Ce désir/plaisir est-il justifié ?

Offrir un cadeau luxueux signifie-t-il quelque chose ?

Quand les femmes que j’ai rencontrées m’ont parlé de luxe et m’ont cité une marque, à chaque fois il y avait une histoire derrière : ainsi cette Arianne que la grand mère emmenait à Noël voir les vitrines de Hermès. Depuis pour Arianne, Hermès reste LA MARQUE. Du reste elle a installé son sac Kelly dans sa chambre au pied de son litŠ au grand désespoir de son mari (qui lui fait quasi des scènes de jalousieŠ). Pour Sibylle, le luxe serait de prendre l’Orient Express parce que c’est surannéŠ pour les vraies oisifs d’antan. Le luxe ne peut donc rentrer dans la vie de quelqu’un qu’avec une histoire ?

En enquêtant je me suis rendu compte, que le luxe c’était comme à la maison mais avec quelqu’un qui s’occupe de gérer les soucis : ainsi Air France en Première classe réveille ses clients avec l’odeur du pain grillé, le grand coiffeur actuel, John Nollet, allonge ses clientes pour leur laver les cheveux, les grandes maisons de soins ont du parquet au sol, comme si on marchait dans un appartement, le style des chambres du Ritz font très comme chez grand-mère, la maison Baccarat vient d’ouvrir un restaurant qui ressemble à une salle à mangerŠ Pourquoi cette notion de “cocooning” dans le luxe ?

Enfin, à quoi va ressembler le luxe de demain ?